Pinot, l’homme d’une équipe, d’une famille

Le cyclisme étant le plus collectif des sports individuels, à moins qu’il ne soit le plus individuel des sports collectifs, une carrière est une aventure solitaire qui se partage. Thibaut Pinot aura été l’homme d’une seule équipe, la FDJ, sous toutes ses formes. En près de 15 ans, il y a noué des liens que peu de coureurs auront su tisser. Lui, le grand solitaire, s’est bien senti ici. C’est sans doute la raison pour laquelle il n’est jamais allé voir ailleurs.

« J’avais besoin d’être entouré par des gens que j’aime, que je connais« , a-t-il confié lundi dans l’émission Bistrot Vélo, au cours de laquelle il est revenu sur sa carrière qui s’apprête à s’achever cet automne. « Je suis quelqu’un d’assez timide, ajoute-t-il. Tant que l’équipe progressait avec moi, je n’avais pas envie de les quitter. Je me suis toujours bien entendu avec le staff aussi. »

Au sein de celui-ci, un homme a tenu un rôle peut-être un peu plus important que tous les autres. Marc Madiot, directeur sportif puis manager de la formation française, a accompagné Pinot du jeune espoir du début des années 2010 à la figure populaire de la fin de carrière. De lui, le Franc-Comtois dit : « On s’est souvent compris, souvent engueulés, ça a toujours été une relation assez forte, un peu père-fils. »

Très différents dans l’expression de leur passion, ils partagent pourtant une certaine pudeur, même si les élans du tumultueux Madiot peuvent parfois, à tort, laisser croire le contraire. Cet été, interviewé sur Eurosport à l’aube de la fameuse étape des Vosges sur le Tour, celle du « virage Pinot », le Mayennais avait fendu l’armure. Incapable de masquer son émotion, il réalisait peut-être à ce moment-là que tout allait bientôt s’arrêter et que, pour lui aussi,